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Lancé le 12 juillet 1873, le magazine "Pélerin" fêtera cette année ses 150 ans, soit un siècle et demi d’existence. Un anniversaire qui va être l’occasion de remonter le temps. Nous sommes d’ailleurs le premier hebdomadaire en France à pouvoir souffler 150 bougies. Alors pour illustrer cette aventure de presse, nous avons fait une plongée dans nos archives. Il faut imaginer plus de 7 000 numéros, soigneusement reliés et rangés sur des dizaines de mètres linéaires. Et nous avons trouvé de telles pépites, que nous avons eu envie de les partager avec nos lecteurs.

Chaque semaine, un de nos journalistes partagera son regard sur le travail de ses prédécesseurs. Car on n’écrivait évidemment pas de la même manière en 1873 et aujourd’hui.

                  Le détective Pat’apouf

Pat'apouf2

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Alors pour ce premier rendez-vous, c'est un personnage de BD qui sera à l'honneur, il va certainement rappeler des souvenirs à bon nombre d’auditeurs : le détective Pat’apouf.

Un flair redoutable sous des dehors débonnaires, c'est Pat'Apouf, le détective qui a fait les belles cases du journal Le  Pélerin pendant 52 ans. Un héros à redécouvrir avec Marie-Yvonne Buss, pour ce tout premier rendez-vous "150 ans d'Histoire" avec Le Pèlerin.

Ses aventures ont été publiées en feuilleton dans nos pages pendant 52 ans. Lorsque le dessinateur Gervy est venu nous proposer ce projet de BD en 1938, notre magazine cherchait justement à se moderniser en s’ouvrant à un public plus jeune. De très nombreux lecteurs ont d’ailleurs découvert Le Pélerin enfant, en lisant à l’heure du goûter ces planches publiées chaque semaine. 

Pat'apouf est tout sauf un surhomme : c’est un détective rondouillard avec des qualités et des défauts, une sorte de Maigret en plus jovial, dans lequel le lecteur peut se reconnaître. A partir de 1956,  il fait équipe avec son neveu Jacky. Tous deux vont enquêter sur le marché noir, l’espionnage industriel, le trafic d’ivoire. Des aventures trépidantes et bon enfant qui ont conquis un public très large. Lorsque Gervy range ses crayons en 1973, d’autres auteurs, comme Jean Hache, prennent le relais. Jusqu’à la toute dernière planche, publiée le 27 juillet 1990. Pour les nostalgiques, ses aventures ont été rééditées aux éditions du Triomphe.

          St Martin et l'armistice de 1918

 Saint-Martin

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Saint-Martin donnant son manteau à trois femmes correspond à l'illustration diffusée dans le journal Le pèlerin à l'occasion de l'armistice de 1918.
Pélérin y met en valeur un dessin étonnant, celui de saint-Martin béni par le Christ recouvre de son manteau trois femmes. L'armistice fut signé le lundi 11 novembre, jour de la saint-Martin, ce légionnaire du IVème siècle, qui avait tranché son manteau en deux morceaux pour en recouvrir un mendiant. La nuit suivante, le Christ lui était apparu en songe, revêtu d'un des pans de ce manteau. 

L ’illustrateur s’en est inspiré pour imaginer le Christ et saint-Martin donnant tous les deux abri à la France sous un vaste manteau : D’où la légende "Notre Seigneur rend à saint-Martin le 11 novembre le manteau restauré de la France". Quant aux trois femmes citées, la première représente la France, qui ouvre ses bras maternels pour y accueillir les deux autres : l’Alsace et la Lorraine enfin rendues à la patrie.  

Le Pèlerin fait donc une lecture quasi mystique de la victoire : N’oublions pas que nous sommes en 1918, seulement treize ans après l’entrée en vigueur de la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat. Le tournant du siècle a été douloureux pour les catholiques. Tout ce qui peut les conforter dans l’idée que la France reste la fille aînée de l’Eglise, que Dieu ne l’abandonne pas est mis en valeur régulièrement dans les pages du pèlerin de l’époque. 

Ces extraits sont aussi l’occasion de jeter un regard neuf sur Georges Clémenceau, qui était en 1918 le président du Conseil surnommé "Le Tigre" : En effet, dans son édition du 24 novembre 1918, Le pèlerin raconte une anecdote peu connue ; l’hospitalisation du Tigre dans une clinique privée tenue par des religieuses. Il retranscrit un dialogue étonnant entre Georges Clémenceau et soeur Théolbaldine. Le président lui offre une cocarde, lui disant qu’elle pourra bientôt la placer dans son salon car "la victoire est proche".
Le journaliste, à l’époque, écrit: 
"Voilà un Clémenceau inconnu. Le vieux Tigre a du cœur et il sait le montrer. Ses bonnes actions plaideront pour lui auprès de Dieu. Et les prières des saintes âmes obtiendront peut-être la suprême miséricorde à celui, à qui la France devra en grande partie son relèvement et son triomphe final". 
Nous sommes dans un registre très militant, qui peut se comprendre après quatre ans d’une guerre terriblement meurtrière. Dix millions de morts, il y avait de quoi aspirer à la victoire et à la paix. 

Découverte du tombeau de Toutankhâmon

 Tombeau Toutankhâmon

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Comment la découverte du tombeau du plus célèbre des pharaons égyptiens, Toutânkhamon, a-t-elle été relatée dans les pages du journal Le pèlerin, en 1923 ? Plongée dans l' Histoire avec Sophie Laurent à l'occasion des 150 ans du non moins célèbre magazine.

Bonjour Sophie, dans la série de pages que republie le pèlerin pour célébrer ses 150 ans, vous avez sélectionné un article du 18 mars 1923 relatant la fabuleuse découverte en Egypte de la tombe du pharaon Toutânkhamon. Pourquoi ce choix : Pour montrer à nos lecteurs d’aujourd’hui, Vincent, que le goût du pèlerin pour les informations scientifiques et patrimoniales ne date pas d’hier. D’ailleurs les Assomptionnistes, la congrégation qui est à l’origine du journal Le pèlerin et du groupe Bayard, publiait aussi à l’époque un journal scientifique qui s’appelait Cosmos et commercialisait des appareils de projection dernier cri.

Les journalistes puisaient leur inspiration chez des confrères spécialisés : Il semble bien que ceux du journal Le pèlerin de l’époque étaient abonnés à un journal scientifique britannique, The Sphère, puisqu’ils ont reproduit des photographies noir et blanc parues  chez ce confrère sous forme de dessins.

Au départ, il s’agit d’une découverte archéologique britannique : C’est sans doute pour cela qu’il y a un tel délai entre l’ouverture de la tombe (le 29 novembre 1922 à Thèbes en Haute-Egypte par l’archéologue britannique Howard Carter soutenu par son mécène Lord Carnavon)  et la parution de l’article quasiment quatre mois plus tard dans nos colonnes.

La presse de l’époque n’était-elle pas assez réactive : Le monde entier a immédiatement pris connaissance de l'intérêt grandissant de cette incroyable découverte et les médias se sont précipités. Comme il est souligné dans l’article, la reine des Belges a eu le temps de venir voir le trésor avant la fin de l’année 1922. Cependant, le journaliste du journal Le pèlerin a apparemment tardé à en rendre compte déplorant ouvertement qu’il s’agissait d’une découverte anglaise.

« Si intéressante que soit la découverte de lord Carnavon, elle ne saurait faire oublier les savants français qui ont ouvert la voie et fourni les éléments dont les chercheurs actuels ont bénéficié » dixit le journaliste du pèlerin de l'époque. On n’écrirait plus comme cela aujourd’hui, d'autant que le journaliste ne donne aucun détail sur le trésor lui-même, mais s'étend sur les mérites des égyptologues français. Au XIXème siècle,  l’égyptologie faisait l’objet  d’une  guerre scientifique ouverte avec les Britanniques. Chacun des deux pays étant en compétition pour prendre le contrôle de l’Egypte.

                  Le dessin de presse

 Dessin de presse dans le Pélerin

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Depuis ses origines, le journal Le pèlerin illustre l'actualité, la traite avec humour ou la caricature à travers le dessin de presse toujours très présents à la une de l'hebdomadaire. Retour sur cette expression artistique avec Sophie Laurant, grand reporter Histoire pour les 150 ans du magazine.

Le dessin de presse pour illustrer l'actualité : Dès sa nouvelle formule de 1877, le journal fait abondamment appel aux illustrateurs. En effet, la photographie est essentielle et  si elle existe depuis 1840, elle demande du temps. Pas encore « instantanée » elle ne peut être intégrée aux reportages « sur le vif ». Les illustrateurs, eux aussi, ont besoin de temps pour dessiner et il faut graver leurs dessins avant de les imprimer. L'illustrateur va ainsi pouvoir résumer toute une histoire, reconstituer par exemple le moment du crime dans un fait divers, rappeler l’assaut vainqueur dans une scène de guerre. Le Pèlerin va publier régulièrement de grands dessins en couleurs sur une page, voire deux grâce aux progrès techniques en matière de gravure. Achille Lemot et Damblans font notamment partie de ces réalisateurs d'images impressionnantes.

Le dessin de presse et l'humour, voire les caricatures : Le P. Bailly, fondateur du pèlerin, voulait s’adresser aux classes populaires. Les colonnes très serrées du titre sont souvent agrémentées de petits dessins rigolos, qui n’ont pas forcément de rapport avec l’article mais qui attirent l’œil, s'agissant généralement de blagues potaches, un brin naïf, juste reflet d'une époque. Quant aux caricatures, Le pèlerin, conservateur et très méfiant vis-à-vis de la République, s’en donne à cœur joie en dénonçant non sans virulence tous les "conspirateurs" de l’Eglise, à savoir les partis radicaux, les francs-maçons et même les défenseurs du capitaine Dreyfus. Il y a malheureusement dans nos archives de l’époque des dessins antisémites que nous ne republierons plus. Le journal a changé de ton dès 1933 grâce au Pape Pie XI qui a imposé un changement de direction. Les caricatures politiques ont disparu laissant d'autant plus de place aux dessins ironiques quant aux travers de notre société. Chaque semaine, aujourd'hui,  ce sont les dessins de Camille Besse et Manu Boisteau qui réagissent à l’actualité.

                         Le Cinéma

 Le Pélerin et le cinéma

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Avant même le premier film des frères Lumière, en 1895, Le pèlerin s'intéressait déjà à la projection d'images, quitte à proposer lui même des images sous verre ou "lanterne magique". Retour sur cet accompagnement du 7ème art avec Marie-Yvonne Buss, rédactrice en chef du magazine et à l'occasion de son 150ième anniversaire.

REVUE LE PELERIN N°4568 14/06/1970 Le cinéma SCHNEIDER

Le pèlerin précurseur dans la projection d’images

En effet, avant même la première projection publique des frères Lumière, en décembre 1895, notre groupe, qui s’appelait alors La Maison de la Bonne Presse, s’était doté d’un Service des Projections. Et dès 1895, il commercialisait sa fameuse « lanterne magique ». C’était une lampe à projection d’images fixes destinée aux familles ou aux paroisses.

La Bonne Presse

La Bonne Presse s’est mise à fabriquer des images fixes sur verre pour illustrer par exemple des contes traditionnels comme Peau d’Ane ou Barbe bleue. Elles étaient colorées manuellement dans un « atelier de colorisation ». Le succès de ces projections a été tel qu’en 1903, le groupe lançait une revue destinée aux projectionnistes amateurs : Le Fascinateur. 

Le fascinateur

Le groupe, qui s’était doté de studios de tournage, s’est mis à produire de nombreux films muets. Et quand le film parlant est venu éclipser le film muet, la Bonne Presse a réagi en fabriquant un nouveau projecteur, le « Parlant B.P », comme Bonne Presse, qui fera le bonheur des salles paroissiales de cinéma jusqu’aux années 50.

Dès février 1896, notre hebdomadaire présentait les projections publiques comme une « Université de l’avenir. »  A condition, bien sûr, que les projections en question aient une fonction éducative, récréative, voire catéchétique. C’est pourquoi les critiques de cinéma ont toujours eu une place de choix dans Le pèlerin, même si nos critères de choix sont nettement plus larges aujourd’hui.

Le pèlerin annonce la sortie en France du dessin animé de Walt Disney, Pinocchio, 1946.

La critique s’enthousiasme pour la qualité des couleurs, disant « qu’on ne peut être qu’admiratif des progrès réalisés dans ce domaine. » Elle ajoute à l’intention des parents qu’on peut y emmener même les très jeunes spectateurs, qui n’auront point à craindre l’effrayant orage de Blanche Neige.

Publication d'une interview du réalisateur Gérard Oury réalisée en 1966, juste avant la sortie du fameux film La Grande vadrouille .

Voici les propos de Gérard Oury qui avec le recul valent leur pensant d’or : «La Grande Vadrouille est une grosse affaire. J’espère qu’on s’y amusera sans arrière-pensée. Je ne crois pas qu’un film français ait déjà coûté aussi cher. C’est le contraire d’un film intellectuel. Un gag toutes les cinq minutes. On vit un temps trop sombre pour ne pas donner à ses contemporains l’occasion de rire un bon coup ! ».

             Les brèves dans le Pélerin

150 ans d'histoire avec le Pélerin

Condenser en quelques lignes un fait d'actualité, c'est le but d'une "brêve" en langage journalistique. Un format largement utilisé dans le magazine Pélerin et dont Marie Yvonne Buss nous retrace l'évolution et quelques pépites !

A écouter ci-dessous.

                 Le Pélerin et la cuisine

150 ans d'histoire avec le Pélerin

Des recettes pour cuisiner. c'est l'une des rubriques les plus anciennes et les plus appréciées des lecteurs et lectrices du Pélerin. Mais comment a--t-elle évolué ? On passe à table avec Marie -Yvonne Buss, rédactrice en chef, dans le cadre des 150 ans du magazine !

A écouter ci-dessous.

Jacques Brel dans le Pélerin

                    150 ans d'histoire avec le Pélerin 

Dans les années 1960, Le pèlerin n’est pas indifférent à ce qu’on appelle alors la variété. Les loisirs et la culture commencent à occuper une place importante dans les pages de l’hebdomadaire. Reflet du goût des classes populaires de l’époque qui redécouvrent après la guerre la joie de se rendre à un concert pour se distraire et d'acheter des disques.

Jacques Brel est déjà connu. Il n’hésite pas à livrer ses états d’âme dans les colonnes du journal. A l’époque, qu’il s’agisse de Brel, de Brassens, de Bécaud, de Reggiani ou de Ferré, les interviews se passaient  en tête à tête avec le journaliste très simplement. Il est rafraichissant de voir un chanteur de cette envergure livrer alors son mal de vivre plein d'amertume et de tristesse de ne pas avoir fondé une famille du fait de ses tournées. Toute cette mélancolie, et ce drame intime transparaissent dans ses textes. Il évoque à plusieurs reprises ses défaites en expliquant leur utilité dans le fait de réagir et de progresser. Il explique que si ses chansons sont cruelles comme la vie, qu'elles sont faite pour faire réfléchir à ceux qui l’écoutent et il espère être utile. Jacques Brel reste un chanteur à textes qui dénonce la bêtise et le sectarisme, relate le journaliste en charge de l'interview. C'était en 1961.

Dans un article précédent de 1958, le chanteur belge était présenté comme un artiste chrétien. Sans doute parce qu’il avait commencé sa carrière en tournant auprès des associations caritatives chrétiennes et qu’il était imprégné d'une éducation catholique. Brassens, l’anarchiste, se moquait de lui en l’appelant l’abbé Brel.

Le pèlerin s'intéresse à Jacques Brel à cette époque parce que Brel est un poète affirmé et parce qu’il a du succès auprès des jeunes. On sent que le journaliste veut faire comprendre à ses lecteurs les goûts de la nouvelle génération pour la chanson intelligente même si celle-ci reflète l’inquiétude de notre temps, a-t-il écrit. 

 

 

 

 

Retrouvez l'ensemble des podcasts consacrés au 150 ans d'histoire du Pélerin, en cliquant ICI

Le Pélerin depuis 1873, son histoire, c'est ICI

 


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